Être Lady Pistache n'a rien d'une tache reposante ! Sachez que j'ai une vie bien remplie. Cette vie, je la partage avec mes très chers camarades de route. Même si nous ne suivons pas la même, il n'est pas rare que nous nous retrouvions à un croisement de notre vie. C'est pour cela que j'ai décidé de tout vous dire et ça, prenez le comme un privilège!

Episode 1: « Votre correspondant n'est pas disponible...»



« Votre correspondant n’est pas disponible pour le moment. Veuillez renouveler votre appel ultérieurement. »

Je fixais mon portable d’un air étonné. Comment ça « votre correspondant n’est pas disponible pour le moment » ? C’était une blague ! Ca devait sûrement être ça ! C’était pas possible autrement ! Où alors, ça voulait dire que « votre correspondant » se fichait de ma gueule, et ça, c’était clairement pas possible ! J’appuyais une nouvelle fois sur la touche appel tout en tapant mes ongles sur la table d’un air impatient. Il ne pouvait pas me faire ça ! Pas à moi ! Je le lui avait pourtant dit et interdit ! Le problème était de savoir s’il m’avait écouté ou non. A mon grand agacement, j’optais pour la deuxième solution. Crétin. Imbécile. J’allais le tuer !
Je jetais un œil discret au prof de philo. C’était le genre de prof qui avait toujours le même enthousiasme pour faire ses cours. Je m’étais toujours demandé s’il croyait vraiment à ce qu’il disait. En même temps à huit heures, devant une classe entière de filles qui ne sont pas réveillées et aspirent à une chose, parler de leur week-end avec d’autres filles à l’autre bout de la salle, moi aussi, j’aurais eu du mal à croire en la philosophie de Leibniz.
Il était assis à son bureau, à attendre qu’on se taise. Chose inimaginable pour une classe d’artiste. Oui, nous étions des artistes ! Nous avions la capacité de foutre un bordel monstre dans une classe, mais sortir diplômées à quatre-vingt-dix-sept pourcents au bac et en ayant ainsi, le plus fort taux de réussite du lycée entier ! Comme vous pouvez le remarquez, nous étions passées maîtresses dans l’art du paradoxe !

« Votre correspondant n’est pas disponible pour le moment. Veuillez renouveler votre appel ultérieurement. »

Je frappais le téléphone sur la table d’un air rageur ! Maintenant, c’était clair et net. Il se fichait de ma gueule ! Salopard !
Qui ? Un mec complètement stupide dont j’avais d’ores et déjà décidé d’émasculer pour avoir osé commettre un crime !
Lucille se détourna de sa conversation et me fit face en rigolant : « Ben alors, qu’est-ce que t’as ce matin ? Ton mec t’as dit qu’il t’aimait c’est ça ? »
Par simple réflexe, je pris ma tête entre mes mains et fermais les yeux. Je ne voulais pas le dire parce que ça revenait à accepter la vérité…une vérité dure qui aurait pu blesser mon amour propre si j’avais été la précédente. Mais fort heureusement non. D’autant plus que je sentais les problèmes arriver au grand galop. Ça allait mal se terminer tout ça, je le pressentais et le futur allait me donner raison. J’étais devin et je ne le savais pas encore !
 Lucille attendait sa réponse, la petite curieuse. Tout en ouvrant les yeux, je crachais l’amère et douloureuse vérité : « Stéphane il sort avec Mattéo. »
Voilà, c’était dit. C’était vrai. Et j’allais le tuer.
La réaction de Lulu fût celle que j’espérais. Pas un mot. Juste une mimique choquée, ce qui était compréhensible quand on savait qui était Stéphane. Etudiant en BTS communication, précédemment diplômé en langues orientales. C’était le canon au Lycée pro. Le mec que tout le monde kiffait. Le mec qui draguait plus vite que son ombre. Il était bi. Ouais. Il disait que, puisque qu’il aimait les deux sexes il y avait plus de choix, et que tout le monde pouvait avoir son compte. D’ailleurs, il le dit toujours, sauf que maintenant, je pense qu’il doit avoir ajouté la condition de masochiste à son cv.

Elle me prit la main et la serra dans la sienne. Je la regardais. Je savais qu’elle allait la poser cette question. C’était évident. Obligé.
« Mais…Mattéo…c’était pas ton ex ? »
Non, ça ne l’était pas ! Il ne l’était plus ! Comme convenu, ce genre de choses, je les reléguais dans un tiroir perdu de ma mémoire !
Non mais sérieusement, ça vous ferait quoi à vous d’apprendre que votre ex à décidé de sortir avec un mec ? Vous vous demanderiez sans doute si c’est de votre faute non ? Ça je m’en fichais, je n’étais pas la dernière…heureusement. Parce que sans déconner…c’est trash quand même. Je n’ai rien contre les homosexuels, mais, de savoir que son ex…bref. Le seul problème c’était Stéphane en fait. Pas Mattéo. Lui…il était inutile. Je me souvenais clairement du jour où je lui avais formellement interdit de zieuter mes amis ! Qu’ils soient filles ou garçons ! Et il avait osé !
Dans ma tête, j’imaginais la manière dont j’allais lui arracher les burnes et les lui faire avaler. 

Je décidais de réassembler mon portable. Un Samsung E-Jesaisplusquoi. Indestructible cette petite chose. La sonnerie allait bientôt se faire entendre et la chasse à l’homme stupide et crétin allait commencer. Malheureusement pour lui, tous ses pas étaient pistés par des groupies en surpoids et idiotes. Il me suffisait juste de surmonter ma répulsion et de leur demander avec mon air le plus charmant si elles avaient cet imbécile.
Je n’eu pas de difficultés à le trouver. Dommage. Aucun suspense. Merde.
La pause de dix-heures signifiait pour la majorité des ados : pause cigarette.
Il était là. En mode people, la clope au bec et sa bande à ses côtés. Je remarquais au milieu de ceux-ci, une tête trop familière… Qu’est-ce qu’il foutait là lui ? C’était le rendez-vous des connards en tout genre ? Si oui, pourquoi diable n’étais-je pas au courant ?! J’aurais pu me mettre en mode et ainsi m’adapter au groupe !

Je fonçais dans le tas, l’attrapais par le bras et l’entrainais un peu loin. Là, même en sortant d’un cours de philosophie, moi, je n’étais pas du tout en condition pour pouvoir en faire preuve. Mes mots sortirent d’un ma bouche tel un flot de lamentations tout droit sortit d’un puits des enfers. J’étais trop en colère pour pouvoir respecter les normes de politesses de la langue de Molière. Non, j’avais adopté le langage du bledard dans toute sa splendeur. Je ne retranscrirais pas ces mots ici, de peur de choquer les plus jeunes lecteurs à l’esprit chaste, inoffensif…et roux…bien que ceux-ci utilise un langage aussi peu châtié que le mien.
Mais le sens de mes paroles était clair. Pourquoi ? Quand ? Comment ? 

« Parce que je crois que je suis en train de tomber amoureux de lui »

Je manquais de m’étouffer avec ma salive. Il QUOI ?!! Impossible ! Le Stéphane ne croyait pas tomber amoureux parce que le Stéphane ne tombait pas amoureux ! C’était quoi ça ? Qu’est-ce qu’il nous faisait ? Une crise d’identité ? Un neurone avait explosé dans tête ? MAIS NON ! C’était, de mon point de vue à cette époque, un scandale ! Qu’allait dire son frère ? Qu’allait dire sa grand-mère ? Hein ? Et surtout…surtout ! Pourquoi Mattéo ?! Il y avait des tas d’autres mecs dans le monde ! Pourquoi celui là ? Pourquoi ? 
 Le pire dans cette réponse était le sourire que ses lèvres affichaient. Un sourire de satisfaction. Le saligaud ! Tu comptes baiser mon ex et tu me sourie ? Aucun respect ce gamin ! Aucun !